Le temps passe à travers notre peau sans nous laisser jamais ni l'attraper, ni le toucher, ni le retenir. Comme Sylvain Tesson, je cherche le moyen de marquer le temps dans l'espace. Parce que les aiguilles des horloges ne font que tourner sur elles-mêmes, elles savent nous prévenir de l'instant mais jamais ne notent les souvenirs des minutes écoulées. Je joue à 1, 2, 3 soleil avec la pendule. Je la regarde, les flèches s'immobilisent soudainement. Je jette mes yeux sur cette page, continue de vous raconter mes regrets et puis je dis, tout bas pour ne pas secouer les rêves de la Petite Bulle, "Soleil !". Les aiguilles ont bougé quand je ne les regardais plus, leurs places ont changé, mais à présent, les flèches de la pendule retiennent leur souffle tant que mon regard reste fixé sur elles.
Le temps demeure ainsi autour de moi. Les aiguilles font leur boucle, les jours font leur boucle, les semaines puis les ans, ils tournent tous autour de mon corps qui demeure immobile. Je suis devenue sédentaire. Mes pas ne marquent plus le passé par les kilomètres. Je ne peux pas compter les heures par les distances, je ne peux pas dire "Une journée de marche par ici, une heure par là et le reste de ma vie dans cette direction…" Être sédentaire a du bon, c'est sûr ! On récupère le droit de vote, on arrive à travailler pour l'argent, on fait des cadeaux aux voisins, on acquiert un sentiment d'appartenance pour un lieu, un village ou une région, on s'investit dans la vie collective… Mais l'espace n'a plus d'emprise sur le temps. J'oublie que regarder les étoiles c'est regarder le passé, je regrette que les lieux soient distants les uns des autres. Quand je dis : "Quel temps de perdu pour aller là-bas !" je me sens hypocrite car j'ai connu une période où les distances étaient mon calendrier, jamais alors je ne perdais mon temps.
Que faire alors ? Comment saurai-je que ça suffit ? À quel moment faudra-t-il reprendre la route ? Que le soleil se lève, je m'en fiche, que l'hiver survienne, je m'en fiche, à quoi bon puisqu'il retournera toujours d'où il vient et que je serai toujours là à son retour !
Et puis j'ai trouvé. Une prophétie tombée du ciel s'est écrasée à mes pieds. Elle a traversé la toiture sans prendre la moindre égratignure, je l'ai quand même ramassée précautionneusement. Mes cheveux ! Mes cheveux marquent le temps ! Avec une régularité assez proche de celle des pas du marcheur. Mais je suis un génie ! J'avais déjà oublié que cette idée me venait d'une prophétie. Quelle étourdie ! Voici alors ce que j'ai dit : quand mes cheveux atteindront les ailes du sacrum, il sera temps de nous préparer au voyage, quand ils atteindront les dernières vertèbres, l'Explorateur écrira sa lettre de démission et puis, nous partirons. Mes cheveux arriveront alors à la hauteur du coccyx.
C'est simple comme bonjour ! Il faut simplement que mes cheveux poussent. Voilà comment j'en arrive à vous parler de soins capillaires…
À suivre…
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Céline.