Céline Dehors et François l’Explorateur — Aspirants, chercheurs en liberté, expérimentateurs d’idées loufoques. — Et accessoirement auteur de « Ce que le Souffle m’a donné »

dimanche, octobre 11, 2015

Trouver le juste rythme


Je me lance dans quelque chose. Ca me paraissait facile, au début, mais je vois bien que plus les choses progressent, plus je galère. Ca n'avance pas assez vite et puis j'ai l'impression que le battement de l'horloge fait de la tachycardie… Mes mains et mes pensées s'affolent, c'est de pire en pire. Mes élèves me disent parfois qu'ils n'ont pas eu le temps de finir leur contrôle, qu'ils ont eu une mauvaise note à cause de ça. “J'ai été obligé de me dépêcher ! Je n'y arrivais pas !” Même si je ne suis plus notée depuis longtemps, c'est le même problème : nous n'arrivons pas à trouver le bon rythme.

Sommes-nous égaux devant le temps ?

J'avais tendance à croire il y a quelques mois encore qu'il n'existait pas de juste rythme. Je pensais que chacun allait à son rythme, comme s'il y avait temps alloué à chaque personne. Et puis, j'ai appris à faire des rouleaux de printemps. Il faut tremper quelques secondes une fine feuille de riz dans l'eau tiède, la remplir de crevettes, de pousse de soja, de carottes râpées… de tout ce que vous voulez… et puis la rouler très serrée. Si vous n'avez pas trouvé le juste rythme, la feuille de riz est trop souple, elle se déchire ou alors, au contraire, se casse, refuse de serrer la garniture. Le juste rythme ce n'est pas le rythme que l'on se choisit, ce n'est pas le rythme imposé par l'œuvre que l'on cherche à obtenir, le juste rythme est celui qui vous permet d'avancer régulièrement, sereinement, jusqu'à la réalisation.

Il n'y a pas de temps de pause donné pour une feuille de riz. Tout dépend de la température de l'eau, de la quantité de garniture qu'on cherche à y placer, de notre adresse, de l'épaisseur de la feuille…

Depuis que m'est venue cette idée, je suis consciente de l'importance de trouver le juste rythme. Lorsque j'effectue une tâche pour la première fois, je me force à ralentir, de façon à ce que mes mains et ma tête s'harmonisent. J'accélère doucement, parce que le juste rythme dépend aussi de la réalisation. Le juste rythme n'est pas nécessairement lent, il est surtout tranquille et reposant et il n'y a pas plus gratifiant que de voir le travail avancer. Si je vais trop vite, tout se casse, si je vais trop lentement, tout se déchire.

Avant le BAC, cette année, je vais demander à tous mes élèves de faire des rouleaux de printemps. Parce qu'arriver à sentir le juste rythme est primordial. Le juste rythme nous éloigne de la peur de l'échec, du stress causé par le temps qui passe et qui parfois nous échappe. Le juste rythme nous maintient dans un élan créateur. On avance vers la réalisation de nos ambitions sans fatigue ni dommages. Ce n'est pas qu'un simple état d'esprit, c'est une donnée cohérente avec le monde physique et nos compétences.

Pour bien écrire, il ne faut pas que les pensées aillent plus vite que les lettres, il ne faut pas que le stylo ralentisse les idées, ni que notre tête freine le grattement du papier. Il faut que mains et création avancent ensemble et régulièrement. Sinon les idées s'évaporent, se bloquent, l'encre oublie l'orthographe en vous attendant, et la page de ne teinte plus…

Pour que notre vie ne s'envole pas en fumée, il faut bien qu'on avance sur son chemin, n'est-ce pas ? Ni trop vite pour ne pas la manquer, ni trop lentement pour la voir s'enfuir loin devant. Il faut prendre le juste rythme. Celui qui ne fera pas s'enfuir les journées et les années, celui qui ne nous fera pas regretter le temps où nous étions naïfs et enfantins. Chaque chose en son temps, précisément le temps qu'il lui faut, et les journées se remplissent, épanouissantes, justes. On s'endort le sourire aux lèvres, sans la moindre lassitude pour le lendemain.

Non pas (pour une fois) parce qu'on a pris une bonne résolution à 1000 balles, faire du sport, cuisiner, se maquiller. Ni parce qu'on a tout jeté par la fenêtre, la télé, nos erreurs, nos frustrations et nos rêves d'enfant. Ni même parce qu'on a déposé notre coeur sur le bord de la fenêtre en espérant qu'il prenne un peu le soleil, ou l'eau. Pour une fois, on a pris la peine de s'harmoniser au monde.

Et si nous faisions des rouleaux de printemps ?

Poulet, vermicelles, salade, menthe, crevette, sauce soja…
Pour plier : roulez l'ensemble une fois, rabattez les cotés pour finissez de rouler.

2 commentaires:

  1. Oh oui de bons rouleaux de printemps histoire de prendre le temps, de reprendre un rythme cest une belle idée. Et en plus c'est tellement bon ! :-D

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    1. C'est facile et c'est toujours réussi ! Est-ce que tu connais une bonne recette de rouleau de printemps Ms Thea ?

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A bientôt !
Céline.

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