Céline Dehors et François l’Explorateur — Aspirants, chercheurs en liberté, expérimentateurs d’idées loufoques. — Et accessoirement auteur de « Ce que le Souffle m’a donné »

lundi, juillet 11, 2016

Gagner de la place

La place disponible… Une évidence et une source de réflexion permanente. Nos contraintes sont conséquentes. Nous sommes quatre dans le petit camion. Il faut que chacun ait sa place, que l’on soit à l’arrêt ou en route, quel que soit le temps, quelle que soit notre activité. Il faut aussi que l’espace soit facile à vivre, que l’on n’ait pas besoin de tout déménager à chaque fois que l’on désire cuisiner ou dormir. Il faut que chacun se sente bien, et pour cela il n’y a pas besoin de tergiverser cent mille ans, ça passe nécessairement par une économie de place et d’objets à posséder.

A l’heure où je vous écris, cela fait déjà plus de deux mois que nous vivons dans le camion et une semaine à peine que nous avons quitté notre port de départ —mais une semaine qui s’est inscrite comme un mois complet dans ma mémoire tellement elle fut intense. Durant tout ce temps, ce ne sont pas vraiment des solutions que nous avons éprouvées mais davantage une façon nouvelle de penser l’outil et la possession. Nous n’avons rien inventé de miraculeux, nous ne vivons pas non plus comme des spartiates. De notre point de vue, notre façon de faire est vraiment tout confort car nous avons simplement, et en toute modestie, sélectionné ce dont nous avions besoin et nous l’avons fait entrer dans l’espace qui nous était alloué.

J'aime visiter les vieilles fermes, on y trouve des merveilles

Il y a dans nos affaires des choses qui étonnent. Mon ordinateur. Notre petite « box » internet. Une belle collection de nounours. Une petite plante. Parce qu’elles ne correspondent pas à l’idée que l’on se fait habituellement de l’austérité. Mais voyez-vous, c’est une conviction politique chez moi : l’austérité n’a pas de sens. C’est la mesure qui compte. Il faut précisément savoir de quoi l’on a besoin pour être bien chez soi et en soi, et puis le garder ou trouver ailleurs de quoi combler ce besoin.

Il n’y a pas une journée qui a plus de valeur qu’une autre. Il n’y a que des journées rythmées par une terre qui tourne sur elle-même (demandez donc des explications à l’adorable si cette notion vous pose problème, elle se fera un plaisir de vous l’expliquer ^^) et changer quoi que ce soit dans une vie ne changera rien au temps qu’il est ainsi donné à chacun. Il n’y a pas un objet qui, à priori, a plus de valeur qu’un autre. Ce qu’il faut, c’est remplir entièrement chaque seconde, chaque poussière, d’une essence qui marquera durablement votre être.

Et de ça, avec notre petite histoire de camion, de voyage et de partage, nous y sommes contraints par la force des choses…

Maintenant, passons à nos petits exemples du quotidien. Si suite à cet article vous avez des questions à propos de notre organisation, n’hésitez pas, nous vous y répondrons avec grand plaisir !

Il existe déjà dans le commerce tout un tas de solutions très pratiques pour gagner de la place. Il y a par exemple des objets pliants, et nous avons fait l’acquisition d’une bassine et d’un saladier qui acceptent de s’aplatir lorsqu’il est l’heure d’être rangé. Nos casseroles et nos poêles s’emboitent les unes dans les autres et partagent toutes une seule poignée. Nous sommes vraiment très contents de ces différents achats. Ils nous facilitent grandement la vie.

Et dire que j'ai oublié de parler de lui… !
A côté de cela, nous avons utilisé un rond en bois de 15 mm pour couper un rouleau à pâtisserie extra-mince tout juste à la taille de notre tiroir. Et il pâtisse à la perfection, je vous assure !

Pour les vêtements, nous avons opté pour des tissus techniques : légers, qui sèchent rapidement et qui prennent très peu de place une fois pliés. De mon côté, j’ai fait attention à choisir des hauts et des bas à multiples compatibilités. Il était hors de question de promener partout une jupe ou un pull qui ne pouvait se mettre qu’avec un seul type de T-shirt ou de chaussures.

On peut être aussi malins que possible, ou s’acheter tous les objets techniques du commerce, il arrive toujours un moment où il faut penser à limiter l’équipement en lui-même.

Nous avons plusieurs objets ayant chacun plusieurs utilités. Le gain de place est évident. Plutôt que d’avoir un truc pour ça, un autre pour ci et un dernier pour cela, tout est ressemblé en un seul instrument ! On oublie l’hyper spécificité au profil de l’hyper disponibilité.

Le plus bel exemple que nous ayons trouvé jusqu’ici est sans hésitation le savon de Marseille. Voyant que tous les trucs nettoyants du commerce avaient grosso-modo la même composition (sodium laureth sulfate…) je me disais bien qu’il ne devait pas être aberrant d’avoir un seul produit pour le corps, les cheveux, la vaisselle et le linge. Il nous fallait de plus un produit suffisamment respectueux de l’environnement pour nous permettre de jeter un peu d’eau savonneuse dans la nature. Et pour moi qui ai les cheveux assez longs : un produit sain qui n’agresse pas la peau afin de ne pas avoir les cheveux gras au bout d’une seule journée… Et je peux vous dire que j’ai cherché un moment, car autre contrainte —et pas des moindres lorsqu’on n’a pas d’adresse : il fallait que je trouve ce produit miracle dans le commerce environnant.

J’ai fait les rayons savons et shampoings, j’en ai écumé des étiquettes… Rien RIEN de satisfaisant !

Mais par hasard, en passant dans un rayon lessive à Autun, que vois-je ? Un véritable savon de Marseille. Ca aurait pu être un autre savon d’une autre ville à savon, le principal pour nous était qu’il soit pur, sans ajout de glycérine ou de parfum et dans le commerce nous n’avons pour le moment trouvé que celui-là. Je vérifie la composition : elle était satisfaisante. Je teste sur mon corps, un régal. Je teste sur mes cheveux, il se rince à la perfection. Je teste sur le linge, les tâches résiduelles disparaissent. Je le teste en produit vaisselle dans une casserole : c’est parfait ! La petite loutre teste à son tour le savon, elle qui n’aime pas particulièrement se laver, la voilà ravie d’avoir un produit qui lave sans avoir besoin de trop frotter et qui se rince dès le premier filet d’eau.

Et oui, il a été TRANCHÉ !

Exit shampoing, savons et compagnie. Le cube de savon de Marseille coupé en deux pour entrer dans la boîte, et ça roule. Même Otto a profité d’un petit nettoyage avec ce savon miracle :-)

Rien de bien sorcier remarquez, mais nous sommes heureux comme des Papes avec notre trouvaille.
Et cet exemple illustre bien le concept d’hyper disponibilité. Pour avoir un produit qui nous convienne, il faut qu’il soit assez réfléchi pour faire son job (la saponification, c’est quand même pas à la portée du premier venu) et assez peu complexifié pour qu’il puisse être polyvalent.

Et on continue à chercher ce genre de produit, parce que c’est un fait assez rigolo : on est entouré de produits à réputation hyper spécifiques. Il suffit de regarder les shampoings proposés. Pour cheveux secs. Pour cheveux normaux. Pour cheveux normaux, non mais oh ! Il faut un shampoing spécial pour tignasse normale ?! Enfin… Quand j’ai parlé de mon super savon à tout faire à ma maman, elle a eu un peu de mal à me croire. Et il est bien meilleur que tous les autres produits spécifiques que nous avions testés jusqu’ici. Comme quoi, il y a peut-être un truc absurde dans cette histoire. Je dis ça, je dis rien…

Pour gagner en place, nous avons également changé notre façon de prévoir. On ne pense plus « au cas où » mais davantage à ce qui est indispensable. Et faire la différence est assez simple, il suffit de se poser la question suivante : si je ne l’ai pas, ai-je une manière de faire sans ?

A l'oeuvre notre super mini rouleau à pâtisserie

C’est ainsi que nous avons doucement éliminé des objets de nos listes, adapté de nouvelles choses en mode hyper disponibilité et, surtout, fait le compte de nos besoins quotidiens. Vous allez voir qu’on ne fait ici rien d’extraordinaire, on développe simplement nos idées en fonction des besoins. Allez, un petit exemple rigolo :
Avant, quand je faisais la vaisselle, dans un bac je lavais, dans l’autre je rinçais et puis j’avais un rail pour laisser sécher la vaisselle. Je vois alors que dans le camion il me faudra un petit rail pour faire sécher la vaisselle après l’avoir nettoyée. Mais une fois qu’il est installé sur le plan de travail, où s’égoutte l’eau ? Il faut donc faire une rigole jusqu’à l’évier, ou bien —super idée !— l’installer au dessus de l’évier. Soit. Quand il est installé, il n’y a plus de place sur le plan de travail, ou alors je ne peux plus tirer l’eau de l’évier. Ce n’est pas très pratique. Alors il faut aussi agrandir le plan de travail. Mais il n’y a plus de place dans le salon pour la cabane de Jedi du coup. On achète une cabane plus petite pour le lou-loup ? On invente un système pour décaler la porte du camion et ainsi agrandir notre espace principal ?

Euh… N’est-il pas plus simple d’essuyer la vaisselle dès qu’elle est propre pour la ranger immédiatement ? Alors il faut qu’on trouve un essuie pratique !

Voilà, je ne dénigre pas mon besoin (faire sécher la vaisselle) je lui trouve juste une manière d’exister cohérente avec mon environnement.

Voilà comment un rail à vaisselle volumineux devient un petit chiffon en microfibre, rangé entre les tasses pour éviter qu’elles s’entrechoquent lors des trajets. Rien de révolutionnaire, mais lorsqu’on fait peu à peu cette réflexion pour toutes nos possessions, on gagne une place monstre.

Pour finir, je ne sais pas vraiment comment finir cet article. Il y a tellement de choses à dire, et à la fois je pense vous avoir transmis ici suffisamment d’infos à propos de notre façon de choisir nos objets. 

Très bientôt, je vous parlerai de notre façon de cuisiner et d’utiliser notre salle de bain. Il y a là beaucoup de petites astuces amusantes à partager ! (genre : comment faire caca dans 5 m2 d’espace à vivre ?)

4 commentaires:

  1. C'est fou le superflu qu'on se trimballe dans nos vies. Merci de partager avec nous votre aventure et la façon dont vous adaptez votre style de vie au fur et à mesure, c'est enrichissant et permet de regarder notre quotidien sous un angle différent.

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    1. A chacun de mes déménagements précédents, je ne revenais pas de voir tant d’objets et de choses oubliées au fond des placards… Et quel tris nous avons du faire pour nous lancer dans cette petite aventure !
      Honnêtement, peut-être parce que nous nous sommes bien préparés, je n’ai pas l’impression de changer quoique ce soit à ma façon de mener ma vie. J’ai simplement l’occasion de vivre de la façon qui m’est la plus naturelle ! Ca fait un bien fou et à la fois ça ne fait rien du tout. Nous sommes dans la normalité la plus totale…
      J’ai hâte de voir ce que le temps s’écoulant fera de tout ça !
      Merci beaucoup pour ton message Marie ! Je suis ravie de voir que le sujet t’intéresse. Bises !

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  2. Je trouve cela passionnant et je pense que toutes ces "techniques" sont bonnes à prendre même si on ne vit pas en Van !

    Le savon à multiples usages, je suis fan !

    Bonne route,

    Pidiaime

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    1. Oui, ces « techniques » , je dirais plutôt cet état d’esprit, peut être appliqué dans n’importe quelle vie. Et je suis certaine qu’il y a d’autres façons de penser qui permettent de gagner de la place.

      Pour le savon : cela faisait des années que je cherchais ce produit miracle sans jamais trouver une composition qui me convenait. C’est fait ! Je pense que j’écrirai plus tard un article exclusivement sur lui :-D

      Merci Pidiaime ! A bientôt ;-)

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Céline.

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