Céline Dehors et François l’Explorateur — Aspirants, chercheurs en liberté, expérimentateurs d’idées loufoques. — Et accessoirement auteur de « Ce que le Souffle m’a donné »

dimanche, juillet 03, 2016

On ne change pas de vie

J’avais dit, il n’y a pas si longtemps « un jour, on changera de vie ». Ce jour est arrivé et lorsque je regarde nos photos du début d’année, lorsque je vois sur l’écran ma fille jouer dans l’appartement, ou Jedi dormir sur le tapis du salon, j’ai l’impression de ne plus reconnaître les lieux déjà. On ne change pas de vie en un jour. François a raison sur ce point : on ne change pas de vie tout court, c’est la vie qui suit son cours.

Je disais que je serai assise sur un fauteuil, que François nous servirait des bananes-pancakes. Le fauteuil a déménagé depuis longtemps et mes cheveux ont bien poussé depuis le temps. Je ne les ai pas coupé, juste 5 cm par ci par là pour les garder beaux, et malgré tout lorsque je me suis assise sur la route —parce que oui, la route a remplacé mon fauteuil— ils n’ont pas touché le sol. Et pourtant ils n’ont pas touché le sol, et pourtant nous savions quand même que c’était le moment.

Nous voilà arrivés au premier jour de ce que nous avons appelé jusqu'au bout « l'année prochaine ». Nous partons, j'ai l'impression d'avoir oublié quelque chose derrière moi tandis que François a le sentiment inverse : il croit qu'on court après quelque chose loin devant nous. 

Qui a déjà campé sur une piste de décollage ?

Cela me fait tout drôle de partir sans penser à faire mon sac. N'ai-je pas oublié ma brosse à dents ? La petite loutre a-t-elle assez de vêtements de rechange ? Et puis je me rends compte que je ne réalise pas vraiment —et qu'y a-t-il à réaliser ?— et je me dis : au fait ma poulette, tu as toute ta maison avec toi ! Tu bouges, mais tout bouge avec toi ! J'expérimente à fond les notions de la relativité du temps. Enfin, enfin, j'ai l'impression d'être synchronisée avec mon environnement. C'est reposant.

Pour l’instant, on a juste l’impression d’être en vacances. Il nous reste encore quelques papiers à remplir pour que tout soit effectif mais… nous remettons ça à la semaine prochaine. Nous faisons un peu d'escalade, nous nous blessons un peu (surtout François ^^), et nous nous disons ce n'est pas grave aujourd'hui il pleut et demain il fera beau et tout ira mieux. Alors je prends le temps de vous écrire cet article sous l'averse, pendant que la loutre fait sa sieste et que l'Explorateur essaie de se dérouiller le cou.

Afin de limiter au mieux les kilomètres parcourus en camion, nous avons pris nos vélos pour les courses de ce midi. Nous tournions dans Baume-les-Dames jusqu'à trouver une petite boutique de commerce local. J'avais des remembrances de Grenoble et surtout surtout je me sentais légère, le sac de nourriture sur le dos et la route descendante sous mes roues. Mon frein arrière est décharné, c'est à réparer au plus vite mais en attendant cela me faisait une excuse pour aller bien plus rapidement qu'il n'est raisonnable.

Nous avons dit au revoir aux amis tandis que d'autres nous retrouve sur site. C'est agréable même si la phrase du « moi je ne pourrais pas » revient trop souvent à mon goût dans les bouches de chacun. C'est comme de parler de la pluie qui tombe sur nos têtes, on ne se connait jamais assez pour véritablement en discuter. Je ne sais pas très bien encore si moi-même je pourrais, les choses se font d'elles-même tout comptes faits.

C'est assez rare pour que je le chronique : cette nuit j'ai rêvé d'un rêve parlé. Un philosophe discutait de la valeur omniprésente de la réalité. Nous croyons tous à la réalité, disait-il dans mon rêve, c'est elle qui dirige nos choix et qui est au centre de notre monde. Il continuait ainsi son discourt : « Mais il y a des gens qui n'ont pas cette croyance, pour qui une photo ne montre rien de réel, pour qui ce n'est pas la mort qui tue mais rien qu'une pensée. Ces gens là ne croient pas en la réalité, ils croient en l’existence. » Dans mon rêve je pleurais car je sentais qu'on parlait ainsi intimement de moi. C'est quelque chose à laquelle je commence à penser sérieusement. Et si tout cela me paraissait plus facile parce que je ne crois pas en la réalité ? Et si ma valeur centrale était en fait l'existence ? C'est un changement de perspective difficile à comprendre mais je crois toucher là un truc important. Ca expliquerait pourquoi nous ne changeons finalement pas de vie.

Sur ce, la pluie a cessé. L'adorable n'a pas fini sa sieste mais l'air de l'extérieur me manque. Bonne route à vous ! N'hésitez pas à visiter la nouvelle page du blog intitulée « Carte interactive » pour suivre notre parcours.

7 commentaires:

  1. Oh la la, ça y est ?! Ca y est vraiment, c'est le début de votre magnifique aventure en famille ?
    Bravo à vous, je vous admire profondément et je vous souhaite tout le bonheur possible sur le chemin, au gré des rencontres et des petites (et grandes !) aventures quotidiennes.
    J'ai hâte de lire vos péripéties !
    Bon vent à vous !

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    1. Oui Miss Lune… Nous sommes partis ! Pas très loin (enfin, moins loin que tes voyages à l'autre bout de la planète c'est certain) tu peux voir notre route sur la carte interactive.
      Pour le moment tout se passe très bien, c'est normal. Nous vivons comme d'habitude en fait. :-)

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  2. La route se présente à vous! La route et tant d'autres choses encore, c'est génial, c'est magnifique. Remplissez vos yeux de superbes images, vous avez compris tant de belles choses...

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    1. Quel plaisir de voyager ! Mais quelle frustration aussi… Je voudrais tout voir et finalement le tout m'échappe encore.
      Bisous Cendra, merci pour ton message :-D

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  3. Bonne route! C'est le début de quelque chose de magique. Je suivrais volontiers votre chemin Céline. Tout est à découvrir, à réinventer. La vie n'attend que vous pour vous montrer tout ce qu'elle recèle. GROSSES BISES

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    1. Merci Marie ! C'est un plaisir de se savoir lu par tes yeux :-) Comme tu dis : tout est à réinventer. C'est amusant et très motivant. Et aussi, curieusement, reposant. Pleins de bises à toi aussi !

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  4. Tu as une très belle plume virtuelle en tous cas Céline, beaucoup d'harmonie dans tes lignes. Le fond est très intéressant aussi.

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A bientôt !
Céline.

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