Céline Dehors et François l’Explorateur — Aspirants, chercheurs en liberté, expérimentateurs d’idées loufoques. — Et accessoirement auteur de « Ce que le Souffle m’a donné »

dimanche, août 07, 2016

Le pays des Hortensias

J'appelle la Manche le pays des hortensias comme j'appellerais l'Alsace le pays des géraniums. Il arrive des choses étranges dans le monde. Ces hortensias gigantesques sont si beaux devant les austères maisons de granite. Le granite est gris comme les hortensias sont tantôt rouges, rose, bleus, indigo ou blancs, les hortensias sont une évidence ici et l'évidence leur rend bien.


Dans ce pays si particulier, il y a le granite, dur et stable, mais brisé net sur la mer. Il y a la centrale de Flamanville et son réacteur 3 encore en chantier. Il y a l'usine de la Hague. Il y a les restes nucléaires qu'on enfuit, il y a ceux qu'on renvoie dans leur pays d'origine.

Dans ce pays, il y a aussi les cratères des bombes de la libération. Les plages immenses, sans fin, où les soldats sont tombés par centaines, de toute nationalité. Il y a les villes entièrement détruites, les abris où la population s'est cachée parfois. Il y a les monuments, avec les phrases gravées en français, en anglais : « battles for peace ».


Ce pays, c’est un peu l’amoncellement de questions qui nous prennent aux tripes. Quel est la place de l’humain dans tout cela ? Quel est la raison qui nous pousse à construire ainsi dans le nucléaire ? Pourquoi nous battons-nous ? Et toutes ces vies, et toutes ces pierres sacrifiées, toutes ces choses que l’on ne reverra plus. Ces personnalités disparues…

Pourquoi ?


Et encore, ici plus qu’ailleurs, les événements suivent leurs cours, laissant des traces bien marquées dans le paysage, des traces que l’on visite en silence, que l’on photographie, sans jamais jamais répondre à cette question.

Pourquoi ?


Pourquoi arrivons-nous à juxtaposer si bien les hortensias avec le granite ? Pourquoi les cimetières de guerre sont-il si sereins ?

Pourquoi arrivons-nous à mélanger les choses si belles, avec les choses si effrayantes, si inhumaines ?

La brume a-t-elle quelque chose à voir là dedans ?

4 commentaires:

  1. Je crois que les choses belles servent à rendre les choses effrayantes plus soutenables. Et à cacher un peu la noirceur qui se cache en chaque être humain. Et les choses belles sont ce qui vaut la peine d'être sauvé, en cas de catastrophe, elles sont ce pour quoi on se bat, non ?

    Très belles photos en tout cas, tu me donnes encore plus envie de visiter cette partie du pays que je ne connais pas du tout.

    Petite remarque rigolote : à propos des déchets nucléaires, tu dis : "qu'on enfuit", j'imagine que c'est une coquille et que le "o" d'enfouir" a été mangé par ton clavier, mais je trouve que c'est un joli lapsus qui donne une image assez réaliste de comment on traite ses déchets, comme si on les "enfuyait" le plus loin possible pour ne pas avoir à traiter le problème qu'ils impliquent.

    Bonne route !
    Pidiaime

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    1. Crois-tu vraiment que le beau existe pour ce qui ne l’est pas ? Je pense qu’il n’en est rien. Enfin, lorsque je regarde les choses, c’est une évidence. Je ne vois pas le beau parce qu’il n’est pas laid, je ne vois pas le beau parce qu’il tranche sur le reste, je ne vois pas le beau pour me sauver d’une certaine horreur. Il y a parfois des choses belles et rien qui ne vient gâcher cette beauté. Elles sont belles pour elles-même. Et ces deux constatations me permettent de savoir que le beau n’a pas pour utilité de nous aider à vivre face à la laideur, le beau ne nous aide pas à vivre, et (je ne veux pas du tout vexer en disant cela) : c’est une bien piètre façon de voir le beau que de lui donner ce rôle. Parce que ça le réduit forcément !

      Le beau c’est ce qui ouvre le coeur et l’esprit et la conscience. La gratitude, nous ouvre à l’amour. Ce n’est pas qu’il nous aide, c’est plutôt que sans lui nous ne sommes pas grand chose.

      Et en cas de catastrophe, tout mérite d’être sauvé. Les parasites, comme les plus beaux insectes, comme les estropiés et les plus belles femmes. Tout mérite d’être sauvé…

      Pour revenir à des choses moins philosophiques, oui, c’est un très beau pays à visiter ! Je ne le connaissais pas du tout et s’il n’y avait pas eu des amis vers cette route, je crois que jamais nous ne l’aurions prise… Alors, je les remercie vivement ! Grâce à eux, nous sommes allés vers la Manche et c’était formidable !

      Pour le mot enfuit, je suis contente que tu l’aies relevé. Il se trouve que c’était un mot que je connaissais peu. Je ne savais pas qu’on disait « enfouit », ça me fait même un peu bizarre :-) Mais j’aime l’interprétation que tu en donnes ! Ca me plait beaucoup ! Merci :-D

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  2. On découvre un blog un peu par hasard au détour d’un chemin, comme le ricochet d’une pierre sur un lac ou un peu par hasard comme le dormeur tombe dans son rêve,.
    Après est ce qu’on franchit le pas du commentaire ?
    En fait ça tombe bien puisque vous aimez les hortensias et le Cotentin. Je l’avais découverte au cours d’un long périple de Dieppe à Brest et l’année suivante les chemins de douane de la pointe de la hague n’avaient plus de secrets.
    J’espere que vous êtes allé jusqu’ la Pointe de la Hague et que vous n’êtes pas passé à côté de la Maison de Jacques Prevert et sa tombe à Osmonville la Petite. Sur la tombe des poètes, il y a toujours quelqu’un qui laisse un petit mot, et puis Prévert aurait rééquilibré votre ressenti par rapport à la Centrale de Flamanville ou les cimetières des plages du débarquement.
    Et en fait , ça tombe mal puisque vous n’aimez plus lire mais votre voyage m’avait fait penser à deux livres et je vous en parle quand même
    « Les autonautes de la cosmoroute » ou Un voyage intemporel Paris-Marseille » de Julio Cortázar , Carol Dunlop qui voyagèrent comme vous en combi VW
    http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Du-monde-entier/Les-autonautes-de-la-cosmoroute-ou-Un-voyage-intemporel-Paris-Marseille


    « l’Usage du Monde » de Nicolas Bouvier .
    C’est plus qu’un livre de voyage, c'est une réflexion sur le voyage, la magie de la découverte, du partage, de la rencontre, de la patience aussi. Tout cela sur le mode poétique léger et profond à la fois.
    Mais un voyage que l’on ne peut déjà plus faire, l’Afghanistan et ‘l’Iran de 2016 ne sont plus celles des années 50.

    avec cette phrase que j’aime beaucoup : :
    « Un voyage se passe de motifs. Il ne tarde pas à prouver qu'il se suffit à lui même. On croit qu'on va faire un voyage mais bientôt c'est le voyage qui vous fait ou vous défait »

    Bonne continuation , je vous suivrais, d'ici.

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    1. Je suis désolée de vous décevoir… nous ne sommes pas montés si haut. Nous le voulions au début et puis la brume nous a poussés plus loin et l’envie aussi de changer d’atmosphère. Nous avons cependant la conviction que nous reviendrons. Les lieux nous ont vraiment plu !
      J’aime énormément la citation que vous donnez. Elle décrit à merveille ce que je tente d’expliquer à ceux qui nous demandent : « alors ? comment ça se passe ? ». Je dis souvent : « C’est si simple, on dirait que ce mode de vie a été conçu pour nous… finalement, nous n’avons rien à raconter. C’est notre vie normale. »
      Merci pour votre message ! Merci de nous suivre et n’hésitez pas surtout à nous écrire encore des petits mots ;-)

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Céline.

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