Céline Dehors et François l’Explorateur — Aspirants, chercheurs en liberté, expérimentateurs d’idées loufoques. — Et accessoirement auteur de « Ce que le Souffle m’a donné »

jeudi, avril 27, 2017

Série limitée


Style : Voie équipée
Dénivelé de difficulté : 320 m
Longueurs : 8
Cotation : ED- 6b/6b+/6a+/6a+/6c/6c/6c7a/6c
Site : Verdon
Grimpeur : Alban

L0

La marche d’approche est atypique. Il faut traverser le Verdon grâce à une tyrolienne. Aujourd’hui je grimpe avec Alban. Je l’ai rencontré la veille et c’est un gars formidable mais ça je pourrais y consacrer un article entier. Pour faire simple, il a été guide au bureau de La Palud pendant des années et maintenant il a décidé de grimper juste pour son plaisir et celui de ses amis. Une chance pour moi, je suis son ami depuis hier. Les gorges il les connaît par cœur et il a fait une grande partie des voies. Ce qui est intéressant, c’est qu’il était là lors de la création de certains itinéraires. La voie que nous attaquons aujourd’hui est située sur la paroi du Duc. A l’origine, pour accéder à l’unique voie de cette face (les enragés) il fallait traverser le Verdon à pied, grimper la voie en libre, en artif, en zigzagant à droite à gauche, atteindre le sommet et... faire tout le tour du massif à pied! Une voie réservée aux enragés. En fait bon, de nos jours il y a des escaliers, une tyrolienne, des mains courantes, des rappels pour rentrer à la maison sans trop marcher, le luxe quoi!
Cette voie a été équipée par Lionel Catsoyannis et Paola Pezzini en 2001. Elle est moderne, rassurante, c'est déjà une classique, c'est une Catso quoi. 

L1 - 6b

Ça fait un peu cliché mais je trouve qu’en grande voie il vaut mieux être solide mentalement. En ce qui me concerne, plus je me ménage, plus je me dégonfle. Et comme je n’ai pas l’intention de me laisser promener, avec Alban on se met d’accord pour que je parte en premier.
Pour cette voie je n’ai pas vraiment regardé les cotations. Je me rappelle simplement que je peux tout faire et que les trois dernières longueurs sont en 6c (en fait il y en a quatre en 6c dont une plutôt 7a mais ça je ne le verrai qu’en rentrant).
Je pars donc la fleur au fusil et ça me réussit. La roche est d’une compacité incroyable, c’est un régal de grimper dessus, l’équipement est bon et les mouvements faciles. 

L2 - 6b+

Je suis Alban dans cette superbe longueur qui finit par une goulotte en Dülfer. De manière générale, tout est beau et facile dans ce début de voie, un vrai plaisir. 

L3 - 6a+

Cette longueur commence par une grande fissure facile et amène vers la fin du dièdre.

L4 - 6a+

On bascule sur la paroi de gauche. Le rocher est toujours aussi beau et compact (ça change de la face nord de St-Guilhem...). En arrivant au relais, le rocher est véritablement sculpté. Comme dit Alban : « c’est plus des gouttes d’eau, c’est des pots de fleurs! »

L5 - 6c

Première longueur dure mais je ne le sais pas. Alors j’attaque tranquillement la colonnette qui se présente devant moi. Je finis la longueur sans avoir trop forcé. On a fait 5 longueurs sur les 8 de la voie et jusque là c’est zéro prise de tête, je m’entends vraiment bien avec Alban et ça déroule.

L6 - 6c

Le départ est franchement vertical, Alban me fait bien rire quand il part dedans : « au bout du compte je crois que le vertical c’est pas mon truc, à chaque fois je crois que je suis bon et une fois que je suis dedans je me retrouve explosé ». Il dit ça, mais ça passe tranquille quand même. Après la montée raide, on tombe sur deux grosses fractures horizontales et enfin on termine sur des gouttes d’eau. Pour cette longueur j’essayais ma technique « sac à dos en bout de vache » et ça marche pas mal du tout sur ce type de profil. Par contre la fatigue commence à être là et la prochaine longueur est censée être dure.

L7 - 6c/7a

Je commence par du ramping sur une sorte de rampe/fissure et je file vers un petit surplomb. Après un temps de pause je me lance et je pars... du mauvais côté (ça valait bien le coup de faire une pause). Je suis au niveau du point et je tire sur de petites prises. Je cherche la suite. La suite je la vois mais elle n’est pas devant moi, elle est un mètre à droite, c’est là que sont les prises (les vraies). J’essaye tant bien que mal de les rejoindre mais mon erreur d’itinéraire m’a coûté quelques cartouches et je tombe. 
Cette fois je passe du bon côté mais j’attrape la dégaine pour clipper, heureusement que le sommet n’est plus loin parce que mes bras ne suivent plus. Quelques mètres plus loin il faut contourner un petit surplomb et partir dans une dalle. Mon œil repère une chasse d’eau (pour les non initiés, il s’agit là d’un bout de corde pendu à un point d’assurage. C’est pratique, ça permet de monter facilement au dit point et de le clipper tranquille mais bon... c’est un peu de la triche quoi). Pas de ça pour moi! Le pas engagé je le ferai! Et puis en fait non, j’attrape la chasse d’eau avec l’énergie du désespoir et je clippe ma dégaine. Je profite de la partie en dalle pour me ressaisir, c’est décidé, la fin ce sera uniquement de l’escalade, pas de pédales, pas d’artif, pas de triche! Je ne tiens plus grand-chose, j’arrive à un point, je pense que je peux l’avoir mais il faut lâcher une main. Je prends une dégaine mais je n’ai pas le temps de tendre le bras que je sens mon autre main qui s’ouvre. Je me retrouve 2m au-dessus du dernier point, une dégaine entre les dents en train de délayer pour retrouver un peu de force. Au bout d’un moment je retente le coup et j’arrive à la mettre. Par contre cette fois je ne tiens plus et même avec les deux mains sur les prises je n’arrive pas à récupérer, je redescends un peu plus bas pour me reposer. Je remonte et je passe la corde in extremis dans la dégaine, juste avant de tout lâcher. En prenant mon temps j’arrive à grimper la fin de la longueur sans tomber. C’est du facile mais mes mains ne serrent plus rien.

L8 - 6c

J’ai eu un peu de temps pour me reposer et cette longueur se passe plutôt bien malgré la fatigue. Même si le sac pèse un peu, je sais que c’est la dernière et ça me redonne du courage pour faire les mouvements menant au sommet. On est arrivé!
On savoure un carré de chocolat et on se met en route avec la cordée voisine qui sort des enragés en même temps que nous. Lors de la descente on coincera un brin de rappel qu’il faudra retourner chercher et on égarera un des grimpeurs sur le sentier du retour mais au final tout le monde rentrera saint et sauf et on s’est fait une super journée de grimpe.

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