Céline Dehors et François l’Explorateur — Aspirants, chercheurs en liberté, expérimentateurs d’idées loufoques. — Et accessoirement auteur de « Ce que le Souffle m’a donné »

jeudi, août 06, 2015

J'ai vu la fessée


C'est mon petit voisin. Il n'est pas souvent là parce que ses parents sont séparés. Il vit entre deux maisons. C'est un jeune garçon, trop jeune encore pour aller à l'école, bien assez grand pour parler et désobéir à sa maman. Il est plutôt attachant. Il est en fait peau de colle. La petite bulle repousse sans arrêt ses avances. Il lui touche la bouche, les yeux, elle crie "non !" mais rien n'y fait. C'est un petit garçon qui manque un peu de confiance en lui. Il voit sa soeur et la petite loutre marcher en équilibre sur un banc, mais lui ne veut pas essayer. Il vole les jeux de sa soeur. Il ne veut pas attendre devant le toboggan. Mais il sourit tout le temps à sa maman.
Il m'a suivit dans la maison. Il voulait savoir d'où venait le chien qui aboie, il était déçu de voir que ce n'était pas chez moi. Je lui ai proposé un verre d'eau, il avait déjà disparu dans la chambre de ma fille. Il tournait comme un bourdon de jeu en jeu. Il en prenait un, le lâchait, en prenait un autre, le lâchait… Sans arrêt. Il renversait les perles, les billes de couleur, il mélangeait tout, les animaux avec les légumes. Il ne faisait rien. Je le suivais à la trace, rangeant au fur et à mesure derrière lui pour que la chambre de ma fille ne devienne pas un champ de bataille.

"Calme-toi, lui disais-je, je vais te montrer si tu veux mais calme-toi. Assois-toi ici… Non stop. Il faut que tu ne bouges plus. Stop !"

Et sa mère est arrivée. Elle n'a rien dit. Elle a prit son bras. Elle a tourné son fils de trois-quart. Une choré bien menée. Il ne bougeait plus. Elle a frappé ses fesses. Une petite fois. Mais devant moi. Il ne bougeait pas. Il ne se débattait pas. Il n'a pas pleuré. J'ai baissé les yeux.

Le petit voisin ne bougeait plus. Sa maman lui a demandé de ranger les perles. Il s'est empressé de les prendre à pleine main pour les poser sur l'étagère. Sans se dire qu'une perle, ça roule. Sans voir que je lui tendais un petit récipient. "Mais non ! Tu fais n'importe quoi ! Mets-les ici !" Sa maman criait des ordres à un pantin. Il n'arrivait plus à saisir la moindre perle. J'ai fini le rangement toute seule.

Et puis le petit voisin a fait un bisou à sa maman, il a pleuré dans son cou. "Dis au revoir à Céline !" Il a fait coucou de la main sans me regarder dans les yeux.

Ah ça oui, la fessée c'est efficace ! D'un petit garçon turbulent et sourd, vous faites un aveugle végétatif !

Et je vais accuser. J'en veux à notre société de ne pas apprendre aux parents comment élever leurs enfants dans le respect et la dignité. J'en veux à tout le monde lorsque j'entends qu'on ne peut pas faire autrement, que les enfants sont des manipulateurs-nés, que c'est essentiel à une bonne éducation. J'en veux à jenesaispasqui qu'on ne dise pas clairement que, même une petite tape punitive, peut faire souffrir un enfant. J'en veux toujours à ces gens-là qu'on s'indigne lorsqu'un mari frappe sa femme, lorsqu'on bat un animal, mais que ne dise trop rien lorsqu'une mère frappe son enfant.

Est-ce vraiment un choix d'éducation de frapper son enfant ? Même "pas fort" ? Qu'avons-nous appris à ce petit voisin ? Qu'il pouvait être humilié et battu devant sa voisine, comme ça, sans être prévenu. Et je crois que la plupart des défauts de comportement que j'ai noté chez ce petit garçon sont dus à la fessée. A la violence.

J'ai vu mon père fesser mon frère. Le fesser parce qu'il avait frappé ma mère. On s'aligne comme les Dalton, les plus grands frappant les plus petits. J'ai vu un jour les muscles se bander sur les bras de mon autre frère, je l'ai vu me menacer, parce que notre discussion lui faisait de la peine.

Chers parents, réfléchissez.

Merci à Cendra et son article d'avoir réveillé mon envie de parler de ce sujet.

29 commentaires:

  1. Je suis comme toi : fermement opposée à toute violence, et épouvantée par la désinvolture de certains parents quand ils frappent leurs enfants ou en parlent...

    Je ne sais pas si les problèmes de comportement de ce petit garçon sont dus à la violence... ma fille est assez démoniaque, et elle n'a jamais été frappée ;) Par contre je suis sûre que la fessée ne les règle pas, et fait plus de mal que de bien...

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    1. Moi aussi je suis outrée lorsque j'entends parler de la violence faite aux enfants avec désinvolture. J'ai l'impression d'être face à un choc de culture. Comme si j'entendais quelqu'un dire qu'il battait son conjoint et tout le monde autour lui disait que c'était la seule chose à faire.

      Ce qui m'a étonnée chez ce petit garçon c'est qu'il n'est pas démoniaque pour un sous justement ! Il est vraiment adorable mais il ne connait encore rien sur le respect des autres (on ne touche pas quelqu'un qui dit "non", par exemple) ni sur sa propre volonté… Comme tu dis, la violence n'est certainement pas la façon de l'aider en ce sens !

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  2. Très bel article.
    Ayant été élevée de cette façon par ma mère et son mari je peux dire en toute connaissance de cause que ça ne mène à rien de bon : seulement de la peur, de la haine et de la souffrance. Mon père n'a jamais levé la main sur moi mais je le respecte et ne réfléchi toujours à ce qu'il penserait avant de faire mes choix.
    A bientôt ;)

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    1. J'ai lu que ce rendre compte que l'éducation que l'on a reçue était une source de souffrance pour l'enfant que nous étions est une prise de conscience extrèmement douloureuse. Est-ce que ça a été le cas pour toi ?

      En tout cas, ton père a l'air d'avoir été très bon avec toi !

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    2. En fait je n'ai pas eu une enfance heureuse puisque je me rendais déjà compte que cette façon de faire n'était pas normale, que je n'avais ni ma place ni mon mot à dire. Quand j'ai du faire des choix par moi-même et que j'ai appris ce qu'étais qu'aimer et être aimée j'ai fait une dépression car je ne connaissais pas ces sentiments et ne savait ni comprendre ni exprimer mes émotions.
      Donc oui ça a été douloureux mais j'ai eu la chance de comprendre tout ça avant l'arrivée de ma fille afin de résoudre mes "problèmes". Aujourd'hui je sais que je serais pas une mère parfaite mais j'ai pour objectif de toujours écouter et essayer de comprendre ma fille. J'espère que je m'y tiendrais ;)

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    3. Tu devrais y arriver sans problème ! Et les parents n'ont pas besoin d'être parfaits pour être parfaits pour leurs enfants. Ta fille t'a choisie, tu lui as plu, elle s'est dit : "Elle, elle sera ma maman et je l'aime déjà" !
      Bonne continuation !
      A bientôt !

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    4. Merci pour cette jolie réponse !
      Décidément, un article en entraîne plusieurs puisque le tien m'a inspirée aussi.
      Bises !

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    5. https://familleplume.wordpress.com/2015/08/12/leducation-autoritaire-et-violente-vue-par-lenfant/

      C'est tout à fait lié ! ;-)

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  3. Je ne suis pas contre la fessée, j'en ai reçu quelques unes et je ne suis pas morte. Cependant il est assez clair qu'ici la mère utilise TOUJOURS la fessée et SEULEMENT la fessée puisqu'elle s'est empressée de le frapper sans lui demander ce qu'il faisait là ou lui expliquer ce qui n'était pas bien et pourquoi ce n'était pas bien. Je pense que l'on peut utiliser la fessée en dernier recours, mais pas comme ça, à tour de bras, comme quelque chose s'anodin parce que là oui, effectivement, ça devient dangereux. Les autres animaux n'utilisent pas les coups n'importe comment. Si on regarde bien une lionne avec ses petits elle ne les mords pas à chaque fois qu'ils sont turbulents ! Elle fait un geste agacé de la queue, elle grogne, et ensuite, si le petit choupinou continue, là elle grogne un peu plus fort et peut le menacer de ses crocs. Donc je crois que la fessée n'est pas grave si elle est bien utilisée (oui, je viens de dire que l'on pouvait bien utiliser la violence). Mais il est clair que si l'on utilise QUE ça, que l'on ne prend jamais la peine d'expliquer aux enfants, de leur dire "regarde moi, ce que tu as fais n'est pas bien parce que ce n'est pas respectueux et que ce n'est pas comme ça que l'on se comporte", là ce n'est pas bien.
    Par contre si l'Etat commençait à dire aux parents "voilà comment faut faire" mais on se retrouverait avec des gens dans la rue au nom de la liberté ! Ce n'est pas possible de faire ça.
    Je pense que les enfants sont mine de rien des êtres intelligents (saufs certains cas, hein, mais c'est pareil chez les adultes xD) et qu'ils sont capables de comprendre si on leur explique avec des mots apréhendables pour eux.

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    1. Merci Melgane pour ton commentaire. Je vais cependant te dire que… je ne suis absolument pas d'accord avec ce que tu avances.

      Les animaux sont très différents des hommes sur un point : ce qu'il faut apprendre aux enfants, c'est de raisonner et non pas d'obéir. Famille Plume parle de ce point dans son commentaire. L'enfant doit devenir adulte, et un adulte doit être capable de réfléchir et de savoir de soi-même ce qui est un comportement juste, et ce qui ne l'est pas. La discipline vient de l'intérieur et non pas de l'autorité d'un parent. Voilà pourquoi le parent se doit d'expliquer. Et il doit expliquer autant de fois que nécessaire, afin d'appeler la raison de l'enfant. La fessée, arrête tout dialogue, toute réflexion et met l'enfant dans une position qui ne respecte pas sa nature humaine.

      D'autant plus que la fessée est un acte appliqué par un parent sur un enfant, l'amour des enfants pour leurs parents est… incommensurable, idem pour leurs sensibilités ! Ce n'est pas un acte de légitime défense, c'est une violence… gratuite, acceptable parce que le parent se la justifie à lui-même.

      Ensuite, interdire la fessée ce n'est pas dire aux gens comment élever leurs enfants. Interdire la fessée ce n'est pas leur interdire de transmettre leurs propres valeurs (bon, sauf si leurs valeurs c'est la violence, justement…), leur interdire d'apprendre ce qu'ils veulent à leurs enfants. C'est simplement leur interdire un acte qu'ils ne perpétuent que par ignorance.

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    2. Je me doutais que tu ne serais pas d'accord ;) Mais je sais que parfois quand les lecteurs ne sont pas d'accord ils n'osent pas laisser de commentaires de peur de la réaction de la personne. Moi ça ne me gêne pas, j'aime le débat !

      Je dirais que les autres animaux sont également capables de réfléchir (je prendrai ceux qui nous sont le plus semblables : les chimpanzés et les bonobos). Je pense effectivement qu'il faut expliquer aux enfants, je ne dis pas le contraire, et quand il m'arrive d'imaginer la relation que j'aurais avec mes neveux (car je ne veux pas d'enfants) je ne m'imagine pas les frapper quand ils ne comprendront pas quelque chose. Seulement je crois qu'il y a un moment où l'enfant... je ne sais pas comment dire... disons... teste les limites. Au bout du bout du bout du bout et que, quand on lui a déjà expliqué de 5 ou 10 manières différentes, quand l'on est à bout, vraiment à bout, il faut parfois avoir recours à la fessé. Mais ça doit être un recours réfléchi, pas un automatisme comme le cas que tu racontes, ou un coup qui part tout seul comme j'en ai parfois subit. Je pense que le secret d'une "bonne fessée" c'est le contrôle du parent, qui ne doit pas céder à la facilité et l'utiliser de manière anodine.

      Je comprends ton argument et en même temps dans ton article il y a quelque chose qui m'a interpellé : on fait trop vite le saut de "la fessée" à "enfant battu". Mais ce n'est pas parce qu'il reçoit de temps en temps une fessée (au contraire du cas que tu rapportes où visiblement c'est une action automatique et dont la répétition à outrance forme le traumatisme) qu'il est battu. Il y a des enfants battus qui ne reçoivent pas la fessée, mais des coups dans le ventre, les côtes... c'est ça, être battu.

      A partir du moment où la fessée est utilisée pour élever un enfant, l'interdire revient à dire de ne pas l'utiliser pour élever l'enfant, et donc à dire aux gens comment ils doivent faire. Je vais te citer la phrase de ton article qui m'a faite dire ça : "J'en veux à notre société de ne pas apprendre aux parents comment élever leurs enfants dans le respect et la dignité." c'est plus là-dessus que je réagissais dans mon premier commentaire, en disant que si l'Etat publie une liste de choses à faire pour élever l'enfant, on va se retrouver avec des gens dans la rue.

      Maintenant, là où je te rejoins, c'est que, la fessée, est un acte violent (et même sans fessée on peut en arriver à la violence, je me souviens d'un épisode où, gamine, mon père m'a plaqué contre la porte, son visage à un centimètre du mien, avec un ton menaçant, et que je ne me souviens même plus de ce que j'ai fait pour "mériter" ça). Et c'est parce que c'est un acte violent qu'il ne faut l'utiliser qu'en dernier recours, quand il n'y a plus que ça, et pas comme la seule solution. Le problème de la fessée que l'on pointe c'est davantage la manière irréfléchie dont elle est utilisée, des parents qui l'utilisent comme seule solution (comme le cas que tu cites) ou une fessée qui part "toute seule" sous le coup de l'énervement alors que justement c'est un acte qui doit être réfléchit.

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    3. En fait je dirais que je me place entre toi et les pro-fessée que la fessée ne dérange pas voire arrange. Je suis consciente qu'il s'agit de violence, et c'est pour cela qu'il faut l'utiliser avec parcimonie quand on fait le choix de l'utiliser. Et puis j'ajouterai que la violence des mots, des cris, est une violence aussi, parfois encore plus violente.

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    4. Merci pour ta magnifique réponse ! Ce débat m'intéresse beaucoup !

      Avant d'avoir ma fille, de rencontrer l'enfant et de m'être renseignée sur le sujet, je pensais que les enfants étaient des personnes malignes, presque inventés pour pourrir la vie des parents ! Je ne connaissais que les caprices, que les enfants qui "testent", que les manipulateurs, que… Enfin, peut-être vois-tu ce que je veux dire : on décrit souvent les enfants de cette façon, turbulents, fatigants, énervants, etc.

      J'ai complètement désappris tout ça et maintenant je vois les enfants comme des êtres tout construits uniquement pour apprendre et devenir adultes. Ce fut un désapprentissage terriblement violent pour moi tellement le portrait que j'avais de l'enfant avant était profondément gravé dans mon cerveau.

      C'est ainsi que lorsque je disais : "J'en veux à notre société de ne pas apprendre aux parents comment élever leurs enfants dans le respect et la dignité.", je voulais parler de ça. De la façon dont on voit généralement l'enfant et de la façon dont on apprend aux enfants comment sont les enfants. En fait, on ne sait pas comment ils sont réellement. Calmes, sereins, pacifiques, ordonnés…

      Oui, c'est vrai que les enfants testent. Ils ne testent pas pour mettre les parents à bout, pour leur pourrir une après-midi, ils les testent pour comprendre les limites des autres êtres humains, pour apprendre comment réagir à quelqu'un qui nous embête, pour apprendre à gérer la colère, la frustration… Alors, frapper un enfant dans ce cas ? On lui montre qu'il est possible de frapper une personne innocente et non-violente. Je citais le cas de mon frère qui avait du mal à gérer la frustration d'une discussion qui n'allait pas dans le sens qu'il voulait. Il n'a pas frappé, ouf ! il est bien plus fort que moi, mais la réaction violente était malgré tout inscrite dans ses membres.

      Le saut dont tu parles est celui d'enfant fessé à enfant maltraité. C'est un saut que j'assume entièrement. Ne pas respecter le désir d'apprentissage d'un enfant, répondre par la violence à ses interrogations, à ses erreurs, n'est-ce pas de la maltraitance ?

      Je suis d'accord avec toi : les mots peuvent également être extrêmement violent. Il faut faire attention à ce qu'on dit à nos enfants ! L'éducation bienveillante comme on l'appelle souvent dans les blogs discutent longuement de la façon dont on doit parler aux enfants.

      Je ne sais pas comment les bonobos éduquent leurs enfants, je suis certaine qu'il y a là des choses exceptionnelles à voir, mais je sais par exemple que je n'attends pas de mon chien qu'il raisonne toujours par lui-même, contrairement à ma fille ^^, même si c'est un animal qui nous a plusieurs fois prouver son intelligence.

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    5. Oui je vois ce que tu veux dire. Mais je crois que cette généralité n'est pas loin de la réalité dans le sens où j'ai l'amie d'une amie qui fait des étude de psycho et est dégoûtée des gosses x'D Mais je me doute bien que l'enfant c'est aussi les rires, les jeux, le sourire, etc.

      D'accord, je comprends mieux ce que tu as voulu dire :)

      Je crois que les enfants retiennent ça de la fessée ou de la gifle quand elle est systématique. Je pense que ma soeur et moi avons reçu à peu près le même nombre de coups : j'ai des tendances violentes (ça m'est arrivé d'imaginer frapper la tête de quelqu'un contre un poteau), moins maintenant, mais ma soeur non ou en tout cas n'en donne pas l'impression, donc je pense que ça dépend aussi du caractère des enfants et du nombre de coups reçus, de la fréquence... mais pas du coup en lui-même. C'est vrai que les enfants ne testent pas pour mettre à bout mais pour comprendre, et ils doivent aussi apprendre que, parfois, rarement, il ne faut pas insister, et ça passe par la fessée. Mais encore une fois, si c'est systématique, ça ne peut effectivement ne donner que du mauvais.

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    6. Mon commentaire était trop long donc j'ai coupé en deux.


      Oui, c'est de la maltraitance, parce que, effectivement, dans le cas que tu rapportes et tous les cas semblables, il n'y a pas d'explication, c'est le coup tout de suite, sans chercher à comprendre pourquoi il a fait ça et à lui faire comprendre pourquoi on ne fait pas ça. Mais j'ai l'impression que tu présentes ça comme un truc du genre "l'enfant prend un livre pour le lire : on le tape". Je crois qu'il y a des moments où l'enfant doit comprendre qu'il va trop loin. Je reprends l'exemple des animaux : un jour une chatte s'était installée entre mes deux genoux, je croyais qu'elle glissait alors qu'elle faisait exprès, alors je la redressais. Et au bout de plusieurs fois comme ça elle a fini par me griffer et par partir (pas de chance pour moi, j'étais dans son dos, j'ai pas vu sa tête). Autre exemple : un jour je l'ai caressé sur le museau, elle a redressé les babines, j'ai compris qu'il ne fallait pas que je continue : si j'avais continué elle m'aurait sûrement mordu ou griffer pour dire "maintenant ça suffit, tu arrêtes". Ce que je veux dire c'est que notre plus grand tord quand on utilise la fessée c'est qu'on ne prévient pas (et je ne parle pas du "1... 2... 2 et demi..." etc). On passe tout de suite au coup, alors qu'il faudrait prendre le temps d'expliquer calmement une fois, deux fois, s'agacer un peu, prévenir, et enfin menacer. Peut-être que dans ce cas l'enfant apprendrait vraiment ce qu'il a à apprendre et, encore une fois, ça ne doit pas être systématique, ça ne doit pas être la solution : ça doit être l'outil. Je vais prendre l'exemple d'un chien que je connais : quand on le caresse, qu'on arrête, et qu'il veut encore, il met son museau sous notre main. Mais quand il ne veut plus il est patient, il reste, et c'est quand on enlève notre main qu'il s'en va. Ce chien est une crème, vraiment. Pourtant l'autre jour il a mordu une fille qui avait couru vers lui et l'avait enlacé alors qu'il était dans son panier : il l'a mordu. Pas fort, juste assez pour lui faire peur et lui faire comprendre que, non, on ne fonce pas sur lui comme une dératée quand il est tranquille-pépère dans son panier. Souvent on pense que nous sommes au-dessus des animaux, mais c'est faux : nous sommes des animaux. Je pense que c'est pour ça que l'on arrivera jamais à éradiquer la fessée ou la gifle, mais on peut s'inspirer de ce chien : être patient, gentil, mais quand ça va trop loin, ça va trop loin. Si cette fille n'avait pas foncé sur lui, était venue gentiment, pour lui "demander" si elle pouvait s'approcher alors qu'il était tranquille-pépère dans son panier, elle n'aurait pas été mordue. Tu vois ce que je veux dire ? Donc parfois les enfants testent les limites mais pas spécialement pour apprendre au sens apprendre une valeur ou une leçon, mais pour apprendre où est la limite.

      C'est vrai, on n'attend pas des animaux comme les chiens qu'ils raisonnent par eux-mêmes, et on ne les dresse/éduque pas comme ça, et je trouve ça dommage, parce qu'ils sont tellement intelligents ! J'ai lu un reportage de National Geographic sur les dauphins, et ils peuvent raisonner par eux-mêmes a priori (on est tellement loin de les comprendre !).

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    7. Je ne pense pas avoir été comprise sur ce que je te disais à propos de l'enfant. Il souffre encore beaucoup de sa mauvaise réputation, et… je pense qu'il faut pleinement l'étudier pour s'en rendre compte. Enfin, là n'est pas le sujet même si je trouve cette question très intéressante.

      Ce que je trouve curieux dans ce que tu me dis (et oui ! Tes commentaires sont vraiment développés !) c'est que tu parles de la fessée comme de dernier recours, comme s'il n'y avait rien d'autre à faire. N'y a-t-il vraiment rien d'autre à faire ? L'humain ne dispose-t-il pas de moyens de compassion, de communication, de compréhension, à la pointe de la "technologie" naturelle pour se faire écouter par sa progéniture ?

      Autre chose curieuse : quand tu parles d'enfants qui vont trop loin, j'entends que certains parents devraient se protéger de leurs enfants. Est-ce vraiment sur ce point-là que la fessée fait autant débat ? Si mon enfant m'attaque, me blesse, piétine ma dignité ou mon espace, ai-je alors le droit de le fesser ? Je ne crois pas. C'est un tout autre sujet.

      La fessée n'est en rien essentielle. Elle est même contre-productive en matière d'éducation. Et parce qu'elle cause des dommages sur la force psychologique et psychique de l'enfant —comme l'ensemble des violences que l'on commet banalement contre les enfants parce que nous ne les comprenons pas et refusons de faire l'effort — elle est néfaste.

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    8. Oui, bien sûr, il faut l'étudier, mais il ne faut pas non plus aller dans le sens opposé en disant qu'ils sont merveilleux ;)

      Pas toujours ! Je crois que tu nous survends ! Nous sommes des animaux ! On a beau (jusqu'à preuve du contraire) avoir inventé la philosophie (d'ailleurs je serais curieuse de savoir ce que les philosophes penseraient de ce débat) ça ne fait pas moins de nous des animaux et, comme je disais, c'est pour ça que nous n'éradiqueront jamais le châtiment corporel, parce que nous ne sommes pas des sur-créatures : nous sommes des animaux, et les animaux, les mammifères, ont recours au châtiment corporel en dernier recours. Alors... bon... je ne dis pas ça comme une fatalité, comme quoi on ne pourra pas faire évoluer la pratique de la fessée, hein, je dis que, si on ne l'éradiquera pas, on peut changer la façon de l'utiliser.

      Non, je ne dis pas que les parents doivent se protéger de leurs enfants (quoi que, mais ça nous entraîne sur un autre débat plus psychologique et je n'ai pas les connaissances, les vécus ou les exemples pour le tenir), mais leur apprendre que, parfois, la limite qu'ils cherchent, se trouve par la violence. Et puis la violence ça fait aussi partie de la vie. Je veux dire... pourquoi lit-on des contes sanglants aux enfants (normalement la Belle au Bois Dormant se fait violer dans son sommeil) ? Pour qu'ils affrontent leur peur en sécurité. Alors je ne dis pas non plus qu'il faut utiliser la fessée pour les endurcir et les habituer à la violence, hein ! Ce n'est pas du tout ce que je dis ! Mais en fait je me demande... très bien, tu expliques à l'enfant. Qui va encore plus loin. Tu expliques. Il va encore plus loin. Tu expliques. Il va encore plus loin. Tu expliques. Il va encore plus loin. Qu'est-ce que tu fais ? S'il va toujours plus loin c'est qu'il cherche peut-être autre chose de l'explication calme ? Peut-être le cri, peut-être qu'il veut te faire réagir ! (Là pour le coup il faudrait demander à un psychologue).

      Je pense qu'elle est contre productive si, comme dans le cas que tu rapportes, elle est utilisée n'importe comment. Ce n'est pas en frappant que l'on obtient l'autorité. Super Nanny ne faisait pas frapper les enfants, et elle obtenait l'autorité. Notre grosse erreur (après ou avant le fait que l'on ne prévient pas avant de donner un coup) c'est que l'on imagine que parce que l'on va frapper on gagne en autorité, alors que l'enfant a juste peur. Mais, une fessée, utilisée "comme il faut" (comme un outil et pas comme la solution pour avoir de l'autorité), et utilisée à dose homéopathique au "bon moment", je ne pense pas qu'elle soit si nocive que ça.
      Ce qui est néfaste, et c'est là que je te rejoins, c'est que l'on ne cherche pas à comprendre l'enfant (comme dans le cas que tu rapportes) et que c'est dans ce genre de cas que la fessée est mal utilisée.

      En tout cas c'est un débat vraiment intéressant !

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    9. C'est un débat très intéressant mais au point au nous en sommes, je ne vois pas ce que je pourrais rajouter.

      Je remarque que nous n'arrivons pas à nous entendre principalement parce que nous n'avons pas la même définition de l'être humain. Nos croyances sont différentes à son sujet.
      Tu définis l'humain par sa racine (l'humain est un animal), tandis que je le définis par son aspiration spirituelle.
      Selon moi, l'humain participe toujours à la création du nouvel humain, plus grand et plus sage que ce qu'il est lui-même. Ce nouvel humain se crée aussi bien au niveau individuel (par le travail sur soi), qu'au niveau de l'éducation (par une évolution des méthodes et de la façon de considérer les enfants), qu'au niveau du groupe (par l'évolution de la société).

      Ainsi, je participe avec la petite loutre au développement d'une éducation totalement différente de celle que j'ai connue. L'enfant n'ira jamais loin (comme tu dis) au point de réclamer une fessée ou une claque. Parce que cette option n'existe tout simplement pas. Alors, la violence n'a pas sa place dans son éducation. C'est l'éducation bienveillante. C'est celle, il me semble, de notre nouvelle société parce qu'on y voit les avantages qu'elle apporte à nos enfants.

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    10. Effectivement on va finir par tourner en rond x'D

      Je pense que l'aspiration spirituelle et l'animal peuvent se rejoindre : raison pour laquelle je pense qu'il y a une manière de bien utiliser la fessée, et que j'ai remarqué deux erreurs de son utilisation actuelle.

      Non, bien sûr, ce que je voulais dire n'est évidemment pas qu'il va demander "maman, frappe-moi". Ce que je voulais dire c'est que parfois les gens (en général, enfant comme adultes) font des choses pour le goût du risque, ou avoir de l'attention, pour provoquer une réaction.

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    11. heureusement que la fessée ne tue pas, il resterait plus grand monde.
      et c'est avoir peu d'ambition educative que juste "ne pas tuer", non ?

      "Par contre si l'Etat commençait à dire aux parents "voilà comment faut faire" mais on se retrouverait avec des gens dans la rue au nom de la liberté ! Ce n'est pas possible de faire ça."
      non, l'etat dirait "voila ce qu'il ne faut pas faire", il dit bien de ne pas frapper un animal ou un autre adulte.
      il y a des tas de facons d'elever des enfants en se passant de fessée.
      il y a des gens qui iraient défiler dans la rue pour reclamer le droit de fesser, frapper leur enfant ?
      les enfants apprennent aussi par l'exemple et l'imitation.
      avec la fessée, le message est "je t'aime mais je te frappe aussi" et ensuite on leur dit de ne pas taper leurs copains ... y a de quoi s'y perdre !
      quand on regarde la suede qui a interdit la fessée il y a 30 ans, maintenant, plus aucun enfant ne meurt sous les coups (en france c'est 2 par jour).

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    12. il n' y pas de bonne fessée :

      http://oummi-materne.com/non-les-bonnes-fessees-n-existent-pas/

      http://apprendreaeduquer.fr/y-a-t-il-de-bonnes-fessees/

      http://www.lllfrance.org/Autres-textes/Faut-il-frapper-les-enfants-pour-bien-les-elever.html

      etc, c'est pas la lecture qui manque :-)

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    13. Merci Vero pour ses liens. Je vais m'y intéresser tout de suite !

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  4. Aucune violence envers les enfants ne devrait être tolérée, jamais.

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    1. Merci pour ton commentaire Olivia. Je suis d'accord avec toi et je cherche encore comment prêcher dans ce sens auprès des autres parent et des jeunes personnes. Mais, comme tout ce qui touche à l'éducation, c'est un sujet extrêmement sensible.

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  5. Merci pour ton article qui fait réfléchir! Je n'ai jamais pensé à la fessée car pour moi, elle ne fait pas partie de mes bases d'éducation, donc j'ai zappé le sujet. Ceci étant, je me suis posé la question du coup: "mais si quand Margot sera plus grande, elle fait une crise et devient insupportable, et que le seul moyen radical qu'il me reste est la fessée, je le ferais, non?"
    Car, comme il a déjà était écrit dans ces commentaires, on a déjà tous eu une tape sur les fesses de la part de nos parents quand on était vilain, et on en est pas mort, ni devenus pour autant des psychopathes de la brutalité! Et pourtant..... tu m'as obligé à réfléchir aux possibles conséquences sur ma fille que cela pourrait avoir. Et s'il existait une autre méthode, moins violente mais tout aussi radicale (la parole, l'écoute, la compréhension....)? Car tu as raison sur ce point (et d'autres! ;) ) : une fessée reste un acte de violence envers un petit être qui ne peut se défendre! Ca semble inhumain! Surtout dans le cas de cette mère que tu décris et qui ne cherche pas à communiquer avec son enfant, mais le frappe d'office, comme une habitude bien rodée... c'est triste! La violence peut engendrer la violence, ne l oublions pas (meme si ce n'est pas systématique).
    La cas de la Suède relatée pas Véro dans ses comm, m'a fait comme un électrochoc! "Plus de fessée, plus d'enfants morts sous les coups" alors qu'en France, c'est 2/ jour!!!!
    Alors je vais continuer de réfléchir à ce sujet.... délicat. Même si la réponse semble déjà toute trouvée: toute forme de violence physique envers un enfant est un acte répréhensible selon moi.

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    1. Comme tu le dis, déjà fesser (ou quoique ce soit d'autre de violent) un enfant c'est inhumain sur le principe. Notre société ne prône pas la violence envers les autres humains et envers les autres êtres vivants, alors pourquoi est-ce toléré contre le enfants ?
      Et puis, cela a été démontré, la violence a des conséquences sur le cerveau de l'enfant. Même si c'est occasionnel et "peu violent".

      C'est curieux, je viens justement de traverser une période de crise de ma fille. Incontrôlable. Violente. Irraisonnable. Vraiment, si je l'avais fessée ça aurait été super ! Elle aurait été réduite à l'état de larve super rapidement, et je n'aurais pas été obligée de la porter bon grès mal grès à travers le village jusqu'à un abris (nous avons évité le déluge de justesse) et de la voir se rouler sur le carrelage pendant bien 5 minutes.
      J'ai gardé mon calme. C'était elle qui avait un soucis, pas moi. Même personnellement c'est intéressant de ne pas avoir recours à la violence pour mettre fin à ce genre de moments. J'ai réfléchi. J'ai usé de compassion. Et j'y suis arrivée. Ma fille dort paisiblement. Elle a crié longtemps (j'ai mis un peu de temps à trouver comment faire) mais maintenant, elle va bien. Je suis fière d'elle et de moi.

      Alors, c'est sûr : pour l'évolution de l'humanité et de notre société, la fessée, je dis NON NON et RENON !

      Bisous !
      Merci pour ce commentaire !

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  6. Merci Céline pour ta réponse et ton exemple avec Enora! Je crois que tu as dis les mots que j'avais besoin d'entendre pour éviter à tous prix la fessée: "c'est elle qui a un soucis, pas moi".
    A force de patience, on arrive à tout! ;)
    Bisous

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    1. :-D

      Peut-être qu'un jour j'écrirais un article du genre "toutes les fois où j'aurais pu la fesser", parce que je suis sûre que ça n'arrive pas qu'aux autres, parce que je voudrais montrer que les actes violents sont inutiles.

      A bientôt !

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  7. Et je te lirai encore avec plaisir! ;) Bisous

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Je vous remercie vivement de prendre le temps de m'écrire un commentaire. Vous pouvez être assuré de recevoir une réponse très rapidement.
A bientôt !
Céline.

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