Céline Dehors et François l’Explorateur — Aspirants, chercheurs en liberté, expérimentateurs d’idées loufoques. — Et accessoirement auteur de « Ce que le Souffle m’a donné »

vendredi, juillet 28, 2017

L'opportunité des jours



Après deux mois (ou presque) à revenir sur nos pas, à revoir notre ancienne maison, nos vieux amis, notre famille d'enfance, cet ancien ciel comme si nous rentrions tout juste de vacances, François nous a tous poussés à reprendre la route. Alors nous avons repris la route (mais laquelle ?) aussi sec, sans rien prévoir. La réserve d'eau remplie à nous ne savons combien. Une poubelle encore en attente d'être vidée. Les placards vides de courses.

Au moment de raccrocher la draisienne, je me suis dit : « Oh mince, nous avons manqué l'occasion d'entraîner la Loutre à faire du vélo… ! » J'ai croisé la dite-loutre du regard et puis pendant que l'Explorateur finissait de fermer les placards, j'ai ressorti le petit vélo récupéré l'année dernière dans une déchetterie par Paloup. « Tu arrives à pédaler jusqu'au bout de la rue et on l'emporte à la place de la draisienne ; ça te va ? » La Loutre sautillait à côté de moi et du vélo au bout de mon bras. Elle y croyait fort. J'ai posé le vélo bien parallèle à la route, l'Adorable s'est installée dessus, je l'ai poussée un bon coup et j'ai couru à côté d'elle. Cela n'a pas pris longtemps, le camion n'était pas encore tout à fait prêt que déjà notre Loutre savait faire du vélo. Nous avons changé la selle cassée du vélo récupéré par celle de la draisienne et c'était parfait (enfin, d'après l'Adorable, il manque encore un petit panier pour ses p'tits doudous).

Les pieds de l'Adorable dépassant encore de la fenêtre avant qu'elle ne s'élance au dessus

Nous avons dormi au bord d'un petit étang. Sous les étoiles déjà gênées par la pollution lumineuse, François m'a invitée à le rejoindre. J'avais eu le temps de me déshabiller pour me coucher, mais l'ombre des arbres me protégeait. J'ai senti le vent de la Terre qui tourne me traverser le coeur. Dieu qui nous surveille de si haut dieu-seul sait combien il nous est facile de l'oublier, ce vent.

Aujourd'hui nous avons vu la Loutre pleurer parce que l'Explorateur a confondu les villes de la région Centre et que, par conséquent, le château promis se trouvait à plus d'une heure et demie de route, à pas de route du tout étant donné qu'il se trouvait ainsi bien trop à l'ouest. Alors François s'est rappelé l'autre château, celui juste avant l'étang, et pour redonner espoir à notre enfant nous avons bifurqué vers ce dernier. « Je me demande si… c'est un château fort ou un château… euh… normal ? » Sa question était des plus pertinentes puisque le château de Sully est un ancien château fort en partie réaménagé. Je me suis d'ailleurs demandée en lui répondant s'il pouvait y avoir de l'impertinence chez un enfant. J'attends votre avis sur cette dernière question.

Jedi est très content de se dérouiller les jambes après notre route

Le camion s'est arrêté au bivouac des bois. La Loutre en ouvrant les yeux à l'appel du moteur qui s'éteint, s'est écrié « Fontainebleau ! Je reconnais grâce à la photo ! » Nous avons hâte de retrouver notre amie arpenteuse de la forêt et sa famille. L'Explorateur bien que calmé par ses dernières grimpes à Perles se réjouit à l'idée de toucher le grès. Tel père, telle fille, j'ai surpris notre Loutre en train de monter sur le toit du camion. Je suis sortie pour la parer. Elle voulait entrouvrir la fenêtre de la mezzanine, chose qu'on ne peut effectuer (merci l'erreur de conception !) que de l'extérieur, qu'en escaladant Otto. Elle était tant heureuse de pouvoir le faire elle-même, je ne pouvais m'opposer ça.

J'attends que l'Adorable se couche. Nous y étions presque losqu'elle a finalement réussi à démarrer seule en appuyant sur ses pédales pour faire la course avec une autre petite fille. Elles sont à présents toutes les deux dans la mezzanine à choisir la couleur de notre ruban de LED. L'une préfère le violet, et l'autre le Grün. Vous ai-je dit que, je cite l'Adorable, la petite parle autrement ? Comment dit-on “aurevoir, il est l'heure de se coucher” dans sa langue ? Ni moi, ni l'Explorateur, nous nous sentions de taille à mettre fin à leurs jeux. Je nous vois comme des parents faibles, des parents qui laissent l'opportunité des jours guider leur enfant au lieu de suivre le rituel réglementaire d'un métronome divin parental. Ca va surement donner un drôle d'adulte. J'insiste donc sur ma question à propos l'impertinence des enfants.

Loutre bien décidée à profiter de son nouveau pouvoir

Nous avons repris la route. Ca n'a plus rien d'extraordinaire maintenant mais je me demande : comment arriverons-nous à être aussi heureux lorsque tout ça sera fini ?

8 commentaires:

  1. Tu as une façon de retranscrire ta vie, et ce que tu ressens, à nul autre pareille.

    Ca fera d'elle une petite fille, une adolescente, une femme différente. Différente car elle attirera tous les regards. Elle attirera les regards parce que l'expérience qu'elle vit grâce à vous lui apprend bien plus que ... Que ce qu'on peut habituellement proposer.

    Je le sais parce que nombre de mes amis d'hier et d'aujourd'hui portaient cette "différence" fascinante. A chaque fois, je les enviais d'avoir les parents "décalés" qu'ils avaient. Et tous, ce sont des gens qui aujourd'hui font ce qu'ils aiment profondément, vivent de passion, sont audacieux. Ils ont confiance en eux, ils osent leurs choix. Et ça, c'est magnifique.

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    1. Merci Rozie, ton compliment me touche ! J'ai beaucoup de plaisir à transmettre un peu de ma vie par écrit.

      Je suis également fascinée par cette petite différence que certaine personne porte en elle. Je les sens aussi audacieux, inspirés et très aspirants, confiants… pourtant à parler avec eux, ils disent bien ne pas toujours vouloir marquer leur différence. Ils s'exercent à la mesure, aussi bien dans leur vie que dans ce qu'ils veulent transmettre à leurs propres enfants.

      Je crois que je réalise avec ma fille le rêve que j'avais, plus petite. Mes parents n'ont pas vraiment fait cet exercice : fendre les eaux de la "normalité" pour inventer et faire tenir debout d'autres vies pourtant possibles. Moi, dans toutes les cellules de mon corps, je le réclamais. Il fallait me voir heureuse et vive dès qu'un imprévu (même néfaste) se présentait à nous !

      Quand nous parlons avec notre petit animal, cependant, c'est bien clair pour elle : elle veut une maison… une maison à elle, entre nos deux maisons à nous (celle de son papa et de sa maman). Elle a déjà dessiné les plans !

      Est-ce une façon de nous demander un peu plus de normalité ?

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  2. Quel bel article ! cela réchauffe le coeur ! Bonne Route à Vous ! Céline

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  3. Je trouve encore une fois ce billet très beau et très poétique ! J'aurais du mal à répondre en quelques mots, avec le peu de temps dont je dispose, à ta question sur l'impertinence des enfants (ça m'a juste fait penser à ma fille qui pendant toute la visite du château à Montélimar nous a demandé quand on allait visiter le château... je crois que ce qu'elle voyait de ce vieux vieux château ne matchait pas avec son idée des châteaux... problème de coaching préalable je suppose :p) mais j'ai pris beaucoup de plaisir à te lire une nouvelle fois. Tout semble si naturel sous ta plume !

    Je vous souhaite de trouver ces bonheurs simples dans vos vies futures aussi, mais je ne doute pas que vous réussissiez à y mettre aussi cette spontanéité et cette poésie qui semble vous caractériser ;)

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    1. Je ne sais pas à quoi ressemble le château de Montélimar… ressemblait-il vraiment à un château ? parce qu'il faut se méfier avec ses bâtiments-là, on ne sait jamais à quoi s'en tenir. Mais que lui avez-vous donc vendu ?? :-D

      Tes compliments sur mes articles me font toujours autant plaisir. Peut-être te le dis-je à chaque fois, devrais-je arrêter ?! Merci d'avoir pris un peu de ton temps pour venir me lire ici !

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  4. Pour avoir travaillé avec des enfants, je pense que oui, on peut trouver de l'impertinence chez eux, ou alors peut être est-ce juste de la défiance envers l'autorité, parce qu'ils ne connaissent que ça, ou simplement de l'insolence, en te répondant je me rends compte que la frontière entre tout cela est floue.
    Par contre, il me semble pouvoir dire que, bien souvent, cette attitude chez les enfants n'est que le reflet de leur situations familiales. Quand j'ai rencontré les parents d'enfants impertinents/insolents, ou quand j'en ai appris un peu plus sur leur vie de famille, j'ai compris d'où cela venait.
    Bref, ta question est plus complexe qu'il n'y paraît.

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    1. Comme tu dis, l'impertinence que tu as notée chez ces enfants semble avoir été apprise. C'est une réaction (plutôt pertinente d'ailleurs, vu les moyens d'expression dont dispose les enfants dans notre société…) à un contexte particulier.
      Merci de reconnaître la complexité de ma question ^^ Je ne suis pas toute seule pour le coup à remuer la vase au fond de l'eau :-D

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A bientôt !
Céline.

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